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Prévention et Santé 8 janvier 2021

Vaccination contre la Covid-19 : pourquoi un démarrage si lent en France ?


Avec seulement 500 personnes vaccinées en France contre la Covid-19 entre le 27 décembre, date du lancement de la campagne de vaccination, et le 1er janvier, de plus en plus d’interrogations commencent à se faire jour et ce jusqu’au plus haut niveau de l’État. Comment en effet expliquer cette apparente lenteur alors même qu’avec plus de 60 000 morts comptabilisés en France au cours de l’année 2020, l’arrivée d’un vaccin semblait susciter énormément d’attentes ? Six questions pour comprendre cette situation paradoxale.


 

Pour quelle stratégie vaccinale la France a-t-elle opté ?

Selon le plan initialement établi, la stratégie vaccinale devait s’organiser en France autour de trois grandes étapes. Première étape, prévue pour s’étendre jusqu’à la fin du mois de février : les personnes âgées résidant en établissements collectifs (type Ehpad) ainsi que les professionnels de santé qui y exercent et présentent un facteur de risque élevé, soit au total un million de personnes. Deuxième étape, à partir du mois de mars : l’ensemble des personnes de plus de 75 ans, celles de plus de 65 ans et celles atteintes de pathologies, auxquelles devaient s’ajouter les professionnels de santé ayant plus de 50 ans atteints de pathologies. Troisième étape enfin : le reste de la population. Une stratégie claire donc, mais déjà amendée puisque la vaccination a été étendue à l’ensemble des soignants de plus de 50 ans, depuis le 4 janvier, et aux pompiers et aides à domicile de plus de 50 ans depuis le 5. L’exécutif semble par ailleurs s’orienter vers une ouverture de la vaccination aux plus de 75 ans avant la fin du mois de janvier.

 

Combien de vaccination ont été administrées en décembre ?

Au 1er janvier 2021, selon les chiffres du ministère de la santé, 516 personnes avaient reçu la première des deux injections du vaccin Pfizer-BioNTech contre la Covid-19. Un lancement timide donc mais qui devrait s’accélérer de manière très importante dans les jours à venir comme l’a indiqué le ministre de la Santé.

 

Qu’en est-il des autres pays ?

Alors que moins de 0,001% des français ont reçu une première injection du vaccin contre la Covid-19 en 2020, l’Allemagne affiche un taux de vaccination de 0,29% de sa population – soit 238 809 personnes – au 2 janvier 2021. A l’origine de cet écart, une stratégie différente entre les deux pays : l’Allemagne a en effet fait le choix de déployer d’importants centres de vaccination là où la France a décidé dans un premier temps de concentrer ses efforts sur un public très restreint. Outre-Manche, avec une campagne de vaccination lancée dès le 8 décembre, ce sont 950 000 personnes qui ont déjà reçu une première injection du vaccin au Royaume-Uni. De beaux résultats qui s’expliquent en partie par le choix d’allonger le délai entre les deux doses de vaccins injectées aux patients – contre la recommandation des fabricants – pour vacciner rapidement le plus de personnes possibles mais dont les garanties en matière d’immunité pourraient être amoindries.

 

Existe-t-il des blocages spécifiques à la France ?

Premiers concernés en France par la campagne de vaccination, les résidents en Ehpad doivent faire l’objet d’une pré-consultation médicale spécifique au moins cinq jours avant l’injection du vaccin, et leur consentement ou celui de leur famille doit être recueilli. Une procédure longue et contraignante qui a retardé les débuts de la campagne, notamment en période de fête, et que l’Académie nationale de médecine et nombre de professionnels de santé appellent à simplifier et à raccourcir. A noter toutefois : alors que seule une petite vingtaine d’établissements ont été associés au lancement de la phase 1 de vaccination, plus d’une centaine devraient être concernés d’ici mi-janvier. Plusieurs semaines seront donc nécessaires pour voir si nous parvenons à atteindre le nombre initialement envisagé de 15 000 personnes vaccinées quotidiennement.

 

Le nombre de doses disponibles est-il suffisant ?

A ce jour, le seul vaccin autorisé en France est celui développé par Pfizer et BioNTech dont l’administration, pour atteindre une protection optimale, suppose deux injections espacées de vingt et un jour. Le 26 décembre, une première série de 19 500 doses est arrivée sur le territoire français. Et désormais, ce sont 500 000 doses supplémentaires qui seront livrées chaque semaine jusqu’à la fin de mois de février. Avec un tel rythme d’approvisionnement, il devrait donc être possible de dépasser dès le mois de janvier les deux millions de doses nécessaires à la vaccination du million de personnes annoncé, d’autant que l’utilisation au sein des pays de l’Union européenne d’un second vaccin, celui de la société Moderna, vient d’être autorisée par l’Agence européenne du médicament. Seul point de vigilance à ce jour : la question du stockage dans des conditions très strictes des vaccins au printemps, lorsque l’objectif sera d’élargir la vaccination au grand public.

 

A quelle échéance peut-on envisager que la vaccination commence à freiner l’épidémie ?

Même si l’objectif de vaccination d’un million de personnes étaient atteint fin janvier en France, cela ne suffirait pas à court terme pour casser la dynamique de l’épidémie d’autant plus qu’un nouveau pic est prévu dans les semaines à venir. Pour autant, en contribuant à limiter la diffusion de la Covid-19 dans les Ehpad et parmi les personnels soignants, cette première phase de vaccination pourrait atténuer le taux de mortalité dû à la maladie. Pour constater un premier impact sur la circulation du virus, certains épidémiologistes estiment qu’il faudrait parvenir à vacciner entre cinq et dix millions de personnes d’ici la fin du mois de mars. 

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