Alors qu’aujourd’hui 25% de la population mondiale est allergique dans le monde, l’Organisation Mondiale de la Santé estime que 50% de la population mondiale sera concernée par ce problème à l’horizon 2050. Un défi de taille qui nécessite de mieux comprendre les allergies, de repenser le système de santé et d’assurer une meilleure prise en charge.


 

Allergies alimentaires, aux acariens, aux pollens : au cours des dernières années, la fréquence et la gravité des allergies ont été en constante augmentation. Bien que leur impact reste souvent sous-estimé, les allergies ne sont pas sans conséquence sur la qualité de vie. Dans certains cas, assez rares il est vrai, elles peuvent même engager le processus vital des personnes concernées. Il est donc urgent de poser un diagnostic précis et d’anticiper les problématiques de demain.

 

Des allergies alimentaires de plus en plus nombreuses

Arachide, céleri, crustacés, céréales contenant du gluten, fruits à coque, lait, lupin, œuf, poisson, mollusques, moutarde, sésame, soja, sulfites : tels sont les 14 allergènes faisant actuellement l’objet d’une déclaration obligatoire contraignant les industriels les utilisant dans leurs préparations à les notifier à destination des clients. Cette liste, déjà longue, devrait s’allonger encore au cours des années à venir à mesure que les allergies alimentaires augmentent et se diversifient. Et pour cause, en 20 ans, le nombre de chocs anaphylactiques a été multiplié par quatre, poussant les professionnels de santé à demander à ce que ces nouveaux allergènes soient obligatoirement signalés sur les emballages de produits qui en contiennent. À l’origine de ces allergies émergentes, plusieurs hypothèses encore à l’étude, parmi lesquelles : une alimentation insuffisamment variée et trop transformée, le tabagisme passif, un mode de vie trop sédentaire, des milieux de vie trop aseptisés ne permettant pas aux enfants de renforcer leur système immunitaire et leur microbiote intestinal.

 

Un environnement qui se dégrade

La qualité de l’environnement extérieur et intérieur a également un impact fort sur la survenue des allergies. On l’ignore souvent mais, alors que nous passons 80% de notre temps en intérieur, l’air intérieur est à 5 à 10 fois plus pollué que l’air extérieur. Moisissures, polluants chimiques, acariens : nombreux sont, en intérieur, les facteurs contribuant au développement de l’asthme ou en aggravant les symptômes.  D’où l’importance d’aérer son logement quotidiennement. En extérieur, ce sont surtout les émissions de dioxyde de carbone (CO2) qui sont à l’origine du développement des allergies. On estime ainsi à 2 millions le cas d’asthme développé chaque année chez les enfants en raison du trafic automobile. Associée à ces émissions de CO2qui peinent à baisser, la hausse des températures explique par ailleurs le développement d’arbres et d’arbustes produisant du pollen allergène. Selon une étude publiée en 2022 dans Nature Communication d’ici la fin du siècle, la quantité de pollen produite pourrait augmenter de 40%.

 

Une prise en charge problématique

Alors que le nombre de patients allergiques devrait concerner la moitié de la population d’ici une trentaine d’années, le nombre de médecins allergologues ne cesse quant à lui de baisser. Avec 30 allergologues formés en moyenne chaque année en France contre 80 départs à la retraite, ce qui aboutit actuellement à un praticien pour environ 66 000 personnes, on est donc loin de pouvoir répondre au défi posé par les allergies. D’autant plus que ces praticiens sont inéquitablement répartis sur le territoire - certains départements n’ayant pas de praticiens dans cette spécialité – et qu’il faut en moyenne un an pour obtenir un rendez-vous chez un allergologue. Pour sortir de cette impasse, plusieurs pistes sont actuellement à l’étude comme par exemple : rendre les filières d’allergologie plus attractives, proposer des formations plus appropriées, encourager les téléconsultations. Outre la question de la prise en charge, il est urgent selon les praticiens de déployer des actions de prévention et de lutte contre les allergènes et les sources d’allergie.

 

Des traitements parfois coûteux

Dernier problème et non des moindres pour les personnes souffrant d’allergies : trouver un traitement adapté à leur situation n’est pas toujours évident. Quant au coût des médicaments, ils ne sont pas toujours les mêmes. Alors que les antihistaminiques ou les corticoïdes sont remboursés par l’assurance maladie, ce n’est pas le cas pour les traitements des formes d’allergie les plus graves. Les Allergènes Préparés Spécialement pour un seul Individu (APSI) qui étaient remboursés à 65% ne le sont plus qu’à 30% depuis 2018, les allergènes injectables ont été entièrement déremboursés et, pour les comprimés sublinguaux, le remboursement se fait à hauteur de 15%. Une décision que la Haute Autorité de Santé devrait réévaluer en 2023.


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