Un peu plus de 40% des actifs bénéficient d’un départ anticipé, d’après une note du Conseil d’orientation des retraites.
L’âge minimum de départ à la retraite a beau reculer, une part importante des Français quittent avant la vie professionnelle. Tel est l’enseignement principal et quelque peu paradoxal d’une note du secrétariat général du Conseil d’orientation des retraites (COR) rendue publique le 14 mars 2024.
Selon cet organisme consultatif, placé sous la tutelle du Premier ministre, plus de 40% des actifs liquident leurs droits avant d’avoir atteint l’âge légal de départ, soit l’âge à partir duquel les Français sont - théoriquement - autorisés à prendre leur retraite. Alors que l’âge légal a été repoussé de 60 à 62 ans par la réforme des retraites de 2010, puis de 62 à 64 ans par celle de 2023, un peu plus de quatre assurés sur dix partent avant cette borne d’âge, observe le COR.
Un effondrement des préretraites
Si les départs anticipés résultaient principalement, dans les années 1980 et 1990, des préretraites financées par l’État ou l’Unedic, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Ces dispositifs, mis en place majoritairement dans les grands groupes de la sidérurgie et de l’automobile, doivent désormais être pris en charge à 100% par les entreprises, depuis la réforme des retraites de 2003. Du coup, les prétraites financées par les pouvoirs publics ne représententplus que 0,1% des départs anticipés.
Tout le reste provient des différents dispositifs de retraite anticipée. Le plus important d’entre eux est - de loin - celui de la retraite anticipée pour carrière longue (RACL). Ce dispositif permet aux actifs qui ont tous leurs trimestres de cotisation vieillesse et qui ont commencé à travailler jeune de partir plus tôt à la retraite. Sur les 700.000 départs à la retraite par an, environ 200.000 se font pas le biais de la RACL, toujours d’après le COR.
Les fonctionnaires également concernés
Les carrières longues représentent 25% des départs à la retraite des salariés, des artisans et des commerçants (soit 120.000 par an). Le taux grimpe à 35% parmi les hommes ayant ces statuts professionnels. De nombreux ouvriers de l’industrie et d’apprentis dans l’artisanat ont, en effet, débuté leur carrière professionnelle avant leurs 18 ans.
Les actifs du secteur privé ne sont pas les seuls à bénéficier de la RACL. Quelque 25% des retraites dans la fonction publique territoriale et dans la fonction publique hospitalière relèvent des carrières longues. Le pourcentage tombe à 10% chez les fonctionnaires d’État, sachant que ces agents publics entrent généralement plutôt tardivement dans la vie professionnelle, car ils ont effectué, pour la plupart, des études supérieures.
Les carrières longues vouées à augmenter
La dernière réforme des retraites devrait paradoxalement accroître le nombre de bénéficiaires de la RACL. Depuis le 1er septembre dernier, il existe quatre départs anticipés possibles, au lieu de deux auparavant : à 58 ans pour les assurés ayant validé quatre ou cinq trimestres (selon leur mois de naissance) avant leurs 16 ans, à 60 ans avec quatre ou cinq trimestres avant 18 ans, à 62 ans avec quatre ou cinq trimestres avant 20 ans et à 63 ans avec quatre ou cinq trimestres avant 21 ans.
Mais si les retraites anticipées pour carrières longues sont nombreuses, elles devraient l’être normalement encore plus. Le COR estime que 30% des assurés éligibles au dispositif n’y ont pas recours. « Cela semble lié à une méconnaissance du dispositif, car la plupart liquide à l’âge légal de droit commun et ne retirent pas de gain significatif de pension du recul de leur départ », constate le Conseil.
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