Un dossier réalisé récemment par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) sur la santé de la population en France révèle que l’évolution de l’état de santé est parcourue par de fortes inégalités. Retour sur ce concept complexe de santé dont la mesure dépend de nombreux facteurs individuels et collectifs.
Avec 9% de personnes âgées de 75 ans ou plus aujourd’hui et une projection de 16% de cette population dans trente ans, le constat est sans appel : la population française est de plus en plus âgée et est appelée à l’être davantage à l’avenir. Une population plus âgée certes, mais qu’en est-il de son état de santé ?
Une évolution contrastée de l’état de santé de la population
Quand on analyse l’espérance de vie des français, on note que, si elle continue de croitre, sa croissance est toutefois marquée par un ralentissement sur les dix dernières années. Ainsi, si l’espérance de vie sans incapacité à 65 ans ralentit, cette dernière progresse plus rapidement que l’espérance de vie à 65 ans. Et pour cause, les inégalités sociales se manifestent dans l’apparition des maladies chroniques qui surviennent et touchent plus fréquemment les personnes aux faibles revenus. Un premier contraste auquel s’ajoute l’impact des inégalités territoriales en matière d’espérance de vie comme en témoigne l’observation d’une espérance de vie plus faible dans le nord et l’est de la France métropolitaine ainsi que dans les cinq départements et régions d’outre-mer (DROM).
De telles inégalités se retrouvent également au niveau des données concernant la santé mentale. En effet, si une personne sur dix présente des signes de troubles dépressifs en France métropolitaine en 2019 chez les 15 ans et plus, on observe des écarts pouvant aller du simple au double selon le niveau de vie des personnes concernées. Ainsi, dans les DROM, en Guyane et à Mayotte notamment, deux personnes sur dix se trouvent concernées par des troubles dépressifs. Quant à l’impact psychologique de l’épidémie de Covid-19 sur la population, il a été très important comme le montre les 22% des 15-24 ans présentant des syndromes dépressifs.
Quelle prévention ?
Alimentation, activité physique, sommeil, relations sociales, comportements à risque : nombreux sont les comportements ayant un impact sur la santé. A titre d’exemple, avec 25% des femmes et 50% des hommes concernés par les alcoolisations ponctuelles importantes (API) en 2019, la France compte parmi les pays européens les plus consommateurs d’alcool. Si quant à elle la consommation du tabac baisse depuis 2014, on note tout de même une interruption de cette baisse en 2020, au moment du déclenchement de la crise sanitaire. Par ailleurs, alors qu’en France métropolitaine, trois habitants sur quatre consomment des fruits et légumes tous les jours, dans les DROM seule la moitié des habitants en fait autant. Avec une consommation de boissons sucrées plus répandue dans ces départements et régions, on note également des prévalences d’obésité plus élevées parmi les personnes les plus modestes. Une situation encore une fois aggravée par un inégal recours au dépistage selon le niveau de vie et par des inégalités territoriales d’accessibilité aux professionnels de santé.
Quels problèmes de santé ?
Si les inégalités de santé sont présentes à tout âge, le type et l’importance des problèmes de santé diffèrent en fonction de l’âge et du sexe. On peut ainsi distinguer trois groupes de population – les enfants et adolescents, les femmes en âge de procréer, les personnes âgées – au sein desquels on constate que : le risque de mortalité maternelle et de mortalité périnatale est plus élevé dans les DROM qu’en France métropolitaine ; la prématurité et les petits poids des bébés à la naissance sont plus fréquents lorsque la mère est issue d’un milieu modeste ; deux fois plus d’enfants d’ouvriers que d’enfants de cadres se retrouvent en surpoids dès la maternelle. Pour ce qui concerne le grand âge, on observe que les problèmes de santé sont avant tout caractérisés par des pathologies multiples : 21% des personnes âgées de 75 ans ou plus sont ainsi concernées par au moins trois pathologies, contre 8% pour les 65-74 ans et 3% pour les 45-64 ans.
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