Selon les dernières statistiques de la Caisse nationale d’assurance vieillesse, les assurés du régime général ont liquidé leurs droits en moyenne à quasiment 63 ans l’an dernier.
Alors que certains candidats à la présidentielle proposent un recul de l’âge minimum de départ à la retraite, les salariés français liquident déjà leurs droits au-delà de cette borne. C’est ce que montrent les données publiées le 17 mars 2022 par la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav).
D’après cette entité, qui pilote l’Assurance retraite, le régime de retraite de base des salariés des entreprises et associations, mais aussi des travailleurs indépendants (artisans, commerçants, chefs d’entreprise) et des agents non titulaires de la fonction publique (contractuels, vacataires), l’âge moyen de départ des 650.566 assurés qui ont pris leur retraite l’année dernière s’est situé à 62,9 ans. Soit presque un an de plus que l’âge légal, fixé à 62 ans pour les actifs nés à partir de 1955.
Écart de 7 mois entre les hommes et les femmes
Sans surprise, les hommes sont partis, en moyenne, à 62,7 ans, contre 63,2 ans pour les femmes. Compte tenu des carrières féminines souvent hachées, notamment à cause des maternités, de nombreuses assurées sont en effet contraintes de liquider leurs droits à la retraite obligatoire plus tard pour respecter leur durée d’assurance.
Pour rappel, celle-ci correspond au nombre de trimestres de cotisation vieillesse requis dans sa classe d’âge qu’il faut valider pour percevoir une pension complète, c’est-à-dire sans abattement. Si la durée d’assurance n’est pas respectée, la retraite est minorée de 1,25% par trimestre manquant. Travailler (et donc cotiser) plus longtemps permet ainsi aux femmes de ne pas subir cette décote.
Augmentation de deux ans en 14 ans
À 62,9 ans, l’âge effectif (réel) de départ à la retraite a augmenté en 2021 d’un mois par rapport à 2020 (62,8 ans). Au total, la progression est de deux ans en l’espace de 14 ans. Un phénomène qui s’explique à la fois par le recul progressif de l’âge légal de 60 à 62 ans instauré par la loi Woerth de 2010 et par l’allongement de la durée d’assurance mis en place par la loi Touraine de 2014.
En plus de ces textes concernant la retraite de base, les salariés du secteur privé supportent une réforme portant cette fois-ci sur leur retraite complémentaire. Depuis le 1er janvier 2019, les assurés de l’Agirc-Arrco nés à partir de 1957 doivent justifier de quatre trimestres de cotisation supplémentaires en plus de leur durée d’assurance. Sinon, le montant de leur pension complémentaire est réduit de 10% pendant trois ans.
Départ moyen à 64 ans d’ici 2040
Ce « malus » temporaire pousse donc les salariés du privé à liquider leurs droits à 63 ans, au lieu de 62 ans. Si les statistiques de la Cnav ne traitent pas des fonctionnaires, des salariés et non-salariés agricoles, des professions libérales (médecins, avocats, notaires, experts-comptables…) et des agents des régimes dits « spéciaux » (EDF, SNCF, RATP…), l’âge moyen de départ doit lui aussi augmenter pour ces actifs, également concernés par la loi Woerth et la loi Touraine.
D’ailleurs, à législation constante, il devrait atteindre 64 ans en 2040, selon les dernières projections du Conseil d’orientation des retraites (COR). Plus que le report de l’âge légal de 60 à 62 ans, c’est l’allongement de la durée d’assurance, qui va passer de 166 trimestres (41,5 ans) pour les actifs nés en 1955 à 172 trimestres (43 ans) pour ceux nés à partir de 1973, qui explique cette augmentation.
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