La qualité de vie au travail (QVT), la prévention des risques psycho-sociaux (RPS), la conciliation des temps de vie... ces notions sont de plus en plus à l'ordre du jour dans le monde du travail.
Ces enjeux concernent toutes les entreprises et tous les salariés, mais de façon particulière ceux qui assument un double rôle : celui de produire et celui d'aider un proche en perte d'autonomie.
Ce sont les salariés-aidants, qui contribuent à la production de richesses économiques, comme tous les salariés, mais aussi à la production d'une richesse d'une autre nature : celle qui permet à une société d'assurer aux personnes les plus âgées, frappées par la maladie ou atteintes d'un handicap, de vivre le mieux possible au sein de leur famille.
Cette expérience particulière est le lot d'au moins 4 millions de salariés en France... On estime au minimum que 14 % de la population active est concernée.
S'il y a des aspects évidemment positifs dans le fait d'aider un proche, il découle cependant de ce double rôle des conséquences importantes :
- stress, anxiété, fatigue, freins dans la carrière, voire démission pour les salariés concernés
- absentéisme, présentéisme, baisse de productivité pour l'entreprise.
Ce phénomène longtemps resté dans l'ombre, du fait notamment d'une forme de « silence » des salariés concernés, acquiert aujourd'hui une notoriété croissante : de grandes entreprises ont pris des initiatives en faveur de leurs collaborateurs aidants, et les pouvoirs publics prennent des mesures visant à les soutenir :
- le congé de proche aidant (non rémunéré) est entré en vigueur le 1er janvier 2017. Il ne s'agit pas d'une mesure totalement nouvelle, puisque préexistait le « congé de soutien familial », mais il en a élargi la portée et les conditions d'accès
- le don de RTT devrait prochainement être étendu à tous les aidants d'un proche en perte importante d'autonomie.
Une autre mesure allant dans le sens d'une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie familiale est l'ordonnance du 22 septembre 2017 qui facilite l'accès au télé-travail.
Selon diverses études, les salariés-aidants souhaitent en priorité des aménagements de leur travail afin de pouvoir concilier leur double rôle. Le télé-travail constitue certainement une modalité que nombre d'entre eux choisiront dans la mesure où leur poste de travail est éligible à cette forme d'organisation.
Si la grande entreprise prend conscience du problème, peut le mesurer et mettre en place des formes de soutien à ses salariés-aidants, il est évident que ce phénomène est moins visible dans la petite entreprise. Ici c'est plus la relation de personne à personne qui prévaut et les aménagements se font de gré à gré... ou ne se font pas... Cela dépend de beaucoup de facteurs : proximité du salarié avec son employeur, type de relation, nature du poste de travail, qualité de l'entente...
Si la prise de conscience de la société sur la question des aidants progresse, les mesures pour soutenir les salariés-aidants restent encore aléatoires et les dispositifs de droit commun que nous avons évoqués ont somme toute une portée restreinte.
Sans doute n'y a-t-il pas une solution universelle, mais des solutions à trouver au cas par cas pour soulager le quotidien de ces millions de salariés. Dans ce sens, la « Loi Travail », au-delà des controverses qu'elle a pu susciter, engage à un dialogue à l'échelle de l'entreprise. Une opportunité pour les salariés aidants de rechercher, dans une logique d'échange, les modalités d'organisation qui peuvent contribuer à réduire les tensions qu'ils vivent, et à faire avancer leur cause... une cause que nombre d'entre nous sommes amenés à partager un jour ou l'autre, quelle que soit notre fonction au sein de l'entreprise.
Pour approfondir :
- Le congé de proche aidant
- Le don de RTT : proposition de loi
- Ministère du Travail - Le télé-travail
- Les salariés-aidants : enquête France-Alzheimer
- Le Prix Entreprise et Salariés-aidants
- Guide à destination des entreprises – Orse/Unaf