Notre société prend de plus en plus conscience, dans tous les domaines. des enjeux et conséquences de sa longévité. La question du logement des personnes âgées, de son adaptation notamment, fait partie des priorités des politiques de soutien à l'autonomie. Mais la question aujourd'hui va bien plus loin. Puisque nous savons que nous allons vivre longtemps et donc vieillir, la tendance est à l'anticipation et à l'émergence d'idées nouvelles pour habiter des lieux adaptés à l'avancée en âge. L'expression «alternatives à la maison de retraite», que l'on entend souvent, est très réductrice. C'est pourquoi il nous a semblé intéressant d'aborder dans cet article le foisonnement d'idées nouvelles pour habiter durant la deuxième ou la troisième partie de vie.
La recherche d'une façon d'habiter et de vivre
La réponse au vieillissement de demain sera certainement très diversifiée et tiendra compte des projets de vie de chacun. Elle ira bien au-delà de la notion d'hébergement et de dépendance incluse dans le sigle EHPAD (Etablissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes).
Aujourd'hui déjà, on peut voir émerger des réponses en terme d'habitat, axées sur des valeurs ou des désirs, comme par exemple :
- conserver le lien social
- vivre en sécurité
- pratiquer la solidarité
- rester en contact avec les autres générations,
- rompre sa solitude
- créer ou recréer un environnement familial
- décider de son avenir...
Les nouveaux seniors n'ont pas l'intention de subir leur vieillesse mais bien de décider comment la vivre. S'ils n'excluent pas d'avoir un jour recours à l'Ehpad, ils l'envisagent comme un lieu de soins, quand il n'est plus possible de faire autrement, si, et seulement si, survient la perte d'autonomie.
En fonction de ces choix, de plus en plus clairement revendiqués (Les Babayagas en ont été l'exemple emblématique ), des réponses diversifiées en terme d'habitat émergent, ou même sont pour certaines déjà bien développées.
Des initiatives pour conserver le lien social
Des initiatives fonctionnent aujourd'hui à large échelle grâce à l'internet. C'est le cas notamment des plateformes de colocation :
- entre seniors (Voir par exemple Un toit partagé)
- entre seniors et jeunes (Voir par exemple le Résau Cosi)
On peut aussi signaler le développement de l'accueil familial, bien adapté à la personne âgée isolée et en perte d'autonomie. Dans ce modèle il y a la fois une vie indépendante dans un espace dédié, et une vie familiale par la participation à la vie de la famille qui accueille.
Un mode de vie individuel au sein d'une micro-société
Seul.e ou en couple, il s'agit dans ce cas de conserver sa totale autonomie tout en bénéficiant d'un environnement rassurant :
- les résidences-autonomie (gestion publique) ou les résidences-services (gestion privée) répondent au besoin de quitter un logement devenu inadapté pour vivre dans des conditions plus favorables et un environnement plus sécure.
Ces résidences sont généralement des constructions nouvelles, implantées au sein d'un quartier ou d'un centre bourg afin de permettre l'accès autonome aux commerces. Elles sont le plus souvent proposées à la location.
- Inspirés des Etats-Unis, des villages seniors se développent soit à l'initiative de collectivités locales, soit à l'initiative de promoteurs, ou en partenariat public/privé : c'est le principe de la résidence-autonomie, mais avec la particularité de disposer de commerces et services intégrés au village, et uniquement réservés aux résidents.
C'est en quelque sorte le contraire de l'intergénérationnel, mais le concept a ses adeptes pour des raisons de sécurité, d'affinités générationnelles, de tranquillité etc.
- Enfin des formes d'habitat groupé, habitat participatif ou coopératives d'habitants s'organisent : à l'initiative d'un groupe de personnes, ou à l'initiative d'une collectivité, ces concepts comportent une dimension forte de citoyenneté, solidarité et souvent d'écologie.
Encore émergeants, mais illustrés de belles réussites, ces modèles d'habitat sont, malgré les difficultés de mise en œuvre, appelées à se développer car ils répondent non seulement à un mode de vie souhaité par les jeunes seniors, mais à des valeurs sociétales.
On le voit, toutes ces formes choisies d'habitat et de mode de vie sont loin de se réduire à une alternative à l'Ehpad. Ce dernier mode d'hébergement enregistre un âge moyen toujours plus tardif d'entrée : plus de 85 ans actuellement.
Mais nous verrons dans la deuxième partie de cet article que même les modes d'habitat collectif peuvent aujourd'hui être choisis avec des attentes qui vont au-delà de la nécessité de soins.
A suivre : Partie 2 -Un mode de vie collectif avec des valeurs choisies
ARTICLE N° 34 2-2 JANVIER 2020. LA MAISON DES AIDANTS / ANPERE