Si plus de huit personnes sur dix se disent inquiètes quant à la perte d’autonomie pour elles et leurs proches, moins de quatre sur dix sont favorables à un report de l’âge minimum de départ à la retraite ou à un allongement de la durée du travail.
La dépendance a beau inquiéter les Français, ces derniers ne sont pas prêts pour autant à travailler davantage pour la financer. D’après un sondage publié le 24 mars 2019, et réalisé par l’institut Harris Interactive et l’agence Epoka auprès d’un échantillon représentatif de 1.200 individus âgés de 18 ans et plus pour le compte de LCI, RTL et Le Figaro, ils se montrent largement hostiles à cette idée proposée par le Premier ministre une première fois le 15 mars sur Europe 1 et réaffirmée une seconde fois le 20 mars à l’Assemblée nationale.
« Çafait très longtemps qu'on en parle, on a parlé d'un cinquième risque, on a parlé de la prise en charge et il se trouve que, malheureusement, en dépit des efforts parfois consentis par les collectivités territoriales, souvent consentis par l'État, nous n'y sommes pas encore »,a déclaré ÉdouardPhilippe à l’occasion des questions au gouvernement au sujet de la dépendance. « Dans ce contexte de vieillissement et d'un besoin de financement considérable, se poser la question de savoir s'il faut travailler plus longtemps pour que le fruit de ce travail plus long finance ces besoins considérables d'investissement et de prise en charge, de la diminution du reste à charge (ce qui reste à payer une fois les aides déduites, NDLR), est une question parfaitement valide »,a-t-il estimé.
Les plus grands opposants : les seniors
La proposition du chef du gouvernement ne semble pas du tout du goût de ses concitoyens. 61% des personnes interrogées par Harris Interactive et Epoka se déclarent opposés à un report de l’âge légal de départ à la retraite (c’est-à-dire l’âge minimum à partir duquel les actifs sont autorisés à liquider leurs droits), actuellement fixé à 62 ans. 62% des déclarants ne sont pas non plus favorables à un allongement de la durée d’assurance, soit le nombre de trimestres de cotisation nécessaire pour percevoir une pension sans décote. Deux leviers utilisés jusqu’ici pour contraindre les Français à travailler, et donc à cotiser, plus longtemps.
Logiquement, ce sont les seniors proches de la retraite qui rejettent le plus ces deux mesures. Àpeine 28% des 50-64 ans accepteraient un âge de départ plus tardif pour financer les coûts de la dépendance et 26%, une augmentation de la durée d’assurance. Pour autant, la grosse majorité des personnes sondées sont angoissées par la perte d’autonomie. 82% des répondants déclarent que le risque de dépendance les inquiète pour eux-mêmes et 83% pour leurs proches. Reste que les Français se fontfaire guère d’illusion. S’ils aimeraient partir à la retraite vers 60 ans, ils estiment qu’ils liquideront leurs droits en moyenne à 64 ans.
Source : Cliquez-ici