Si la baisse de l'espérance de vie va alléger le coût des pensions, la chute de la fécondité va réduire le nombre de cotisants, prévient le Conseil d'orientation des retraites dans sa dernière étude.
La retraite est avant tout affaire de démographie. En effet, les régimes français de retraite obligatoire fonctionnent sur le principe de la répartition dans lequel les actifs financent, via les cotisations vieillesse qu’ils versent, immédiatement les pensions servies aux retraités. Ce mécanisme n’est donc viable financièrement que si les cotisants sont plus nombreux que les pensionnés. C’est pour cette raison que le Conseil d’orientation des retraites (COR) suit de près les indicateurs démographiques.
En vue de la présentation en juin prochain de son rapport annuel sur les projections financières du système des retraites, le COR a décidé de revoir ces fameux indicateurs. Cet organisme consultatif, rattaché au Premier ministre et dans lequel siègent des parlementaires, des représentants du patronat et des syndicats, d’associations familiales et de retraités, des administrations et des personnalités « qualifiées » (économistes, démographes…), se base normalement sur le scénario central des prévisions démographiques de l’Insee pour la période 2013-2070.
Des indicateurs moins élevés que prévu
Or, force est de constater que les prévisions de l’Institut national de la statistique et des études économiques s’avèrent plus optimistes que la réalité, et ce, bien avant l’épidémie de Covid-19. Depuis 2015, le taux de fécondité ne cesse de diminuer en France. L’espérance de vie augmente également moins vite que prévu. D’où l’idée du COR de ne plus prendre en compte le scénario central, mais les hypothèses basses de l’Insee pour bâtir ses prochaines projections.
Le taux de fécondité de 1,95 enfant par femme serait ainsi ramené à un taux de 1,80 enfant par femme. À l’horizon 2070, l’espérance de vie des femmes passerait de 93 ans à 90 ans et celle des hommes de 90,1 ans à 87,1 ans. Si ces évolutions paraissent minimes, leur impact pourrait être important sur le très long terme, comme le montre une étude du COR dévoilée le 15 avril 2021.
Des dépenses plus importantes à long terme
Compte tenu de la hausse de la mortalité, le nombre de retraités devrait baisser de 7,1% d’ici 2070. Mais si les régimes de retraite auront moins de pensions à servir (une bonne nouvelle pour leurs finances), ils vont devoir faire face, dans le même temps, à une baisse du nombre des cotisants. Sous l’effet de la chute de la fécondité, le volume d’actifs devrait se réduire de 6,2%.
Au final, le solde financier du système devrait s’améliorer à moyen terme, puis se dégrader à plus longue échéance. La part des dépenses de retraite dans le produit intérieur brut (PIB) – la richesse nationale - devrait augmenter de 0,2 point en 2070, prédit le COR. Le Conseil n’a pas encore décidé s’il adopterait ces hypothèses basses pour élaborer son rapport annuel présenté en juin.
Source : cliquez-ici