La maladie d’Alzheimer touche aujourd’hui des millions de personnes à travers le monde. En comprendre les mécanismes et les causes reste donc un défi pour les chercheurs du monde entier. Parmi les nombreuses pistes explorées, celle du lien entre le stress et la maladie d'Alzheimer semble se confirmer de plus en plus. Explications.


Les nombreuses études engagées depuis une vingtaine d’années pour préciser le lien stress chronique et développement de la maladie d’Alzheimer permettent aujourd’hui d’affirmer que la maladie serait plus fréquente chez les personnes souffrant d’anxiété récurrente. Comment le stress, un phénomène si largement répandu, peut-il favoriser l’apparition d’une maladie aussi grave ?


Le stress : une réaction naturelle, mais dangereuse à long terme

Commençons par tenter de comprendre ce qu’est réellement le stress. En réponse à une menace, qu'elle soit physique ou psychologique, notre corps déclenche une réaction en chaîne, libérant des hormones comme le cortisol et l’adrénaline, qui augmentent la vigilance, accélèrent le rythme cardiaque et nous préparent à réagir rapidement. Si cette réponse s’avère tout à fait normale et même bénéfique dans des situations de danger immédiat, elle peut devenir un facteur néfaste pour le corps lorsque le stress devient chronique, c'est-à-dire lorsqu'il persiste sur de longues périodes sans interruption. Constamment sous tension, notre organisme subit en effet des effets délétères sur le long terme, notamment au niveau du cerveau.


Le cerveau sous l'emprise du cortisol

Lorsque le stress devient chronique, le cortisol produit en excès peut devenir toxique pour le cerveau et endommager l'hippocampe, une région clé du cerveau impliquée dans la mémoire et l'apprentissageet l'une des premières zones touchées par la maladie d'Alzheimer. Des recherches ont ainsi démontré que les personnes souffrant de stress chronique présentent souvent une réduction de la taille de l’hippocampe. Un phénomène qui pourrait non seulement expliquer certaines pertes de mémoire, mais aussi favoriser le développement des plaques amyloïdes et des dégénérescences neurofibrillaires, deux marqueurs typiques de la maladie d'Alzheimer.


Inflammation et vieillissement cérébral

Autre effet néfaste du stress chronique : l'inflammation. En réponse à une situation de stress prolongé, notre corps active une réponse inflammatoire pour se protéger qui, à court terme, peut être bénéfique, mais qui, lorsqu’elle perdure et chronique, commence à causer des dommages, en particulier au niveau cérébral. Elle peut notamment accélérer le vieillissement des cellules cérébrales et favoriser la dégénérescence neuronale. Plusieurs études suggèrent d’ailleurs que cette inflammation chronique pourrait être l'un des mécanismes déclencheurs de la maladie d'Alzheimer.


La quarantaine, une période à risque

Bien que l’âge moyen des patients à qui l’on diagnostic la maladie d’Alzheimer se situe aux alentours de 70 ans, il semblerait, selon des travaux récents, qu’une accumulation d’expériences stressantes vécues au cours de la quarantaine puisse être associée à des niveaux plus importants de plaques amyloïdes dans le cerveau. Les chercheurs d’une étude réalisée en Suède qui a suivi plus de 1400 personnes sur plusieurs décennies ont ainsi découvert que celles qui avaient rapporté des niveaux élevés de stress à la quarantaine avaient un risque plus important de développer une démence des années plus tard.


La boucle du stress : un cercle vicieux

Le lien entre stress et Alzheimer pourrait également s'expliquer par une dynamique de cercle vicieux. En effet, les premiers symptômes d'Alzheimer, comme les pertes de mémoire et les difficultés de concentration, peuvent eux-mêmes être une source importante de stress pour les individus. Ce stress supplémentaire pourrait aggraver les symptômes et accélérer la progression de la maladie.


Gérer son stress pour prévenir l'Alzheimer ?

Face à ces éléments de preuve, une question se pose : la gestion du stress peut-elle réduire le risque de développer la maladie d’Alzheimer ? Bien que la réponse ne soit pas encore totalement claire, plusieurs experts estiment qu’adopter des stratégies pour mieux gérer le stress pourrait être bénéfique. Des techniques de relaxation, comme la méditation, la pratique d'exercices physiques réguliers ou la thérapie cognitivo-comportementale, ont ainsi montré des effets positifs sur la réduction du cortisol et de l'inflammation. Il est également recommandé de maintenir une vie sociale active et de stimuler régulièrement son cerveau pour réduire les effets du stress sur la santé cognitive. Si ces méthodes ne garantissent pas une prévention absolue de la maladie, elles contribuent toutefois à améliorer la qualité de vie et à protéger le cerveau des effets délétères du stress.

 

La part de la génétique

Si le stress est reconnu comme l’un des facteurs de risque de la maladie, il ne peut expliquer à lui seul son apparition. Nous savons en effet que notre génétique a une influence sur notre risque de développer la maladie d’Alzheimer, même si l’on observe que les personnes ayant la maladie d’Alzheimer à cause d’une mutation génétique sont en général diagnostiquées avant 60 ans. Les scientifiques considèrent également que d’autres facteurs environnementaux comme des troubles cardiovasculaires, un état dépressif ou la sédendarité pourraient, eux aussi, être impliqués dans le déclenchement de la maladie.


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