Selon les dernières données de la profession, le placement préféré des Français a enregistré une collecte nette positive de 1,9 milliard d’euros en mai, et ce, en dépit de l’inflation, de la guerre en Ukraine et de la remontée des taux d’intérêt.
Qu’est-ce qui peut ébranler l’assurance vie ? On peut légitimement se poser cette question à la lecture des dernières statistiques communiquées le 30 juin 2022 par France Assureurs, la fédération professionnelle des sociétés et mutuelles d’assurance. D’après ces données, les versements sur les contrats d’assurance-vie ont atteint 11,8 milliards d’euros en mai dernier. Depuis janvier, les cotisations s’élèvent ainsi à 65,6 milliards d’euros. Soit le niveau de collecte brute le plus haut depuis dix ans.
Parallèlement, les prestations (rachats partiels et totaux, rentes, décès) sont stables en mai 2022 par rapport à mai 2021. Du coup, la collecte nette (la différence entre les cotisations et les prestations) est positive de 1,9 milliard d’euros, contre 1,7 milliard d’euros à la même période de l’an dernier. Sur les cinq premiers mois de l’année, elle ressort à 12,4 milliards d’euros, en hausse de 2,8 milliards d’euros en glissement annuel. Il s’agit là aussi de la meilleure performance depuis dix ans.
Un contexte peu favorable à première vue
Ces (très bons) résultats peuvent étonner. À première vue, le contexte n’apparait, en effet, pas franchement favorable à l’assurance vie : le conflit russo-ukrainien rend plus que jamais l’avenir incertain, la forte hausse des prix rogne le pouvoir d’achat des Français et les banques centrales amorcent une remontée des taux d’intérêt pour justement juguler l’inflation. Visiblement, ces facteurs n’entament pas le succès de l’assurance-vie. Voire, contre toutes attentes, l’alimentent.
La guerre en Ukraine pousse nos compatriotes à se tourner vers des placements sûrs. Or, c’est le cas du fonds en euros qui offrent une garantie sur le capital (le souscripteur est assuré de pouvoir récupérer à tout moment le cumul de ses versements, amputés des rachats éventuels). D’ailleurs, ce support sécurisé a recueilli 7 milliards d’euros de cotisations en mai 2022, à comparer aux 6,8 milliards d’euros de mai 2021.
Pour compenser leur perte de pouvoir d’achat causée par l’inflation, les Français préfèrent - pour l’instant - moins consommer, plutôt que de puiser dans leur épargne. Certes, la consommation des ménages a progressé de 0,7% en mai selon l’Insee, mais cette hausse intervient après cinq mois de baisses sans discontinuer.
Une hausse des taux bénéfique pour l’instant
Après la Réserve fédérale américaine (Fed) et la Banque d’Angleterre (BoE), la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé qu’elle allait progressivement augmenter ses taux d’intérêt. Déjà, la rémunération des obligations assimilables au Trésor (OAT) sur 10 ans est passée de 0% à environ 2%. Pour l’instant, les épargnants ne se ruent pas sur les placements obligataires qui, de fait, deviennent plus performants. Cette remontée des taux pourrait même être favorable sur le long terme aux fonds en euros, composés à plus de 80% d’obligations (dont une forte proportion d’OAT françaises).
En augmentant les taux d’intérêt, la BCE va rendre plus cher le crédit et calmer ainsi les dépenses d’investissement des entreprises et de consommation des particuliers. Les candidats à la propriété, qui ne vont plus avoir les moyens d’emprunter, pourraient placer, par défaut, leurs économies dans l’assurance vie. Surtout, les banques exigeant désormais de la part des primo-accédants 20% d’apports financiers (contre 10% auparavant) pour leur accorder un prêt, il faut plus que jamais se constituer un capital avant de se lancer dans un projet immobilier. Une nouvelle donne qui bénéficie là aussi à l’assurance-vie.
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