De nombreuses personnes pensent que le plan d’épargne retraite est destiné aux seniors. Non seulement ce préjugé est faux, mais c’est l’inverse qui est vrai.


Le plan d’épargne retraite (PER), un placement pour les quinquas ? Si cette idée reçue est largement répandue dans les esprits, elle est totalement erronée. Tout d'abord, il faut savoir que le PER peut être souscrit dès 18 ans. Avant le 1ᵉʳ janvier 2024, il était même possible d’ouvrir un plan au nom d’une personne mineure.

Ensuite, le PER a été mis en place pour inciter les Français à se constituer un revenu qui viendra utilement compléter leurs futures pensions de vieillesse. Or, il est conseillé d’épargner le plus tôt possible pour sa retraite. Et ce, pour au moins trois raisons.

Un horizon de placement très lointain

Primo, plus on thésaurise jeune et plus l’horizon de placement est lointain. On dispose grosso modo de 45 ans d’épargne devant soi si l’on souscrit un PER à 20 ans, contre à peine 15 ans si on l’ouvre à 50 ans. Du coup, l’effort d’épargne à fournir est moins important si l’on commence dans sa vingtaine par rapport à un démarrage à la cinquantaine.

Deuxio, plus on épargne jeune et plus on profite de la capitalisation des intérêts. Au fil du temps, les intérêts s’ajoutent aux intérêts. C’est particulièrement vrai pour le PER où on ne peut pas faire de retrait avant le départ à la retraite et qui intègre un fonds en euros où les intérêts annuels sont définitivement acquis grâce à « l’effet cliquet ».

Un rendement potentiellement plus élevé

Tertio, souscrire un PER lorsque l’on est jeune permet de bénéficier pleinement de la gestion pilotée à horizon. Ce mode de gestion, proposé par défaut dans les PER, consiste à « désensibiliser » le portefeuille au fil du temps. En clair : plus le souscripteur approche de l’âge légal (l’âge à partir duquel les Français sont autorisés à prendre leur retraite) et plus la part du fonds en euros va augmenter au détriment des unités de compte (UC).

Le fonds en euros offre une garantie sur le capital, mais est peu rémunérateur, tandis que les UC sont risquées, mais potentiellement plus performantes. En début de phase d’épargne, la part des unités de compte va être nettement plus importante pour un jeune souscripteur de PER comparée à celle d’une personne proche de l’âge légal. Le rendement global de son plan devrait donc être logiquement plus élevé.

L’avantage du blocage des capitaux

Certes, certains diront que le PER n’est pas adapté aux jeunes, compte tenu du blocage des capitaux jusqu’au départ à la retraite. Reste qu’il existe plusieurs cas de déblocage anticipé. Les capitaux peuvent être débloqués en cas de « coup dur », comme l’invalidité, le surendettement ou la fin des allocations chômage. En outre, un jeune peut débloquer son PER pour l’acquisition ou la construction de sa résidence principale, ce qui peut constituer un argument non négligeable à 30 ou 40 ans.

Le blocage des capitaux peut aussi être appréhendé comme un avantage : le jeune n’est ainsi pas tenté de puiser dans ses économies. Dans tous les cas, si la souscription précoce à un PER est une bonne idée, il faut qu’elle s’accompagne de la détention d’un placement « liquide », qui permet d’effectuer des retraits à tout moment et pouvoir, de cette façon, faire face à des dépenses imprévues (réparation automobile, changement de la machine à laver…). L’assurance-vie, qui n’est pas plafonnée contrairement au Livret A, s’avère parfaitement complémentaire au PER.

L’option de non-déductibilité

Enfin, si la déduction fiscale des versements volontaires du PER est surtout intéressante pour les personnes fortement fiscalisées et donc plutôt âgées, il faut rappeler l’option de non-déductibilité. Le jeune peu ou pas imposé peut choisir de ne pas déduire ses versements volontaires de son revenu imposable. En contrepartie, l’imposition sur le capital et/ou les rentes qu’il percevra à sa retraite sera moindre.