Ce n’est pas parce que l’on est senior que la souscription d’un plan d’épargne retraite n’est pas intéressante. Loin de là.


Même à l’approche de la retraite, il est possible de souscrire... un plan d’épargne retraite (PER). D’ailleurs, la plupart des plans ne prévoient pas d’âge limite d’adhésion. En théorie, un retraité peut donc très bien ouvrir un PER.

Certes, à 50 ou 60 ans, l’horizon de placement est plus limité, sachant que les Français partent à la retraite en moyenne à 63 ans. Pour autant, la souscription d’un PER à la cinquantaine, voire à la soixantaine, peut d’avérer judicieuse à bien des égards.

Des départs de la vie professionnelle plus tardifs

Tout d’abord, les actifs sont amenés à quitter la vie professionnelle de plus en plus tard. Depuis la réforme des retraites de 2023, l’âge légal (l’âge minimum de départ) a été repoussé à 64 ans pour les personnes nées à compter de 1968. La réforme ayant également porté la durée de cotisation à 43 ans dès la génération 1965, les assurés qui sont entrés tardivement sur le marché du travail vont devoir cotiser au-delà de 64 ans s’ils veulent valider tous leurs trimestres et éviter ainsi la décote sur leurs retraites.

Bref, en ouvrant un PER à 50 ans, le souscripteur peut facilement disposer de 15 ans d’épargne devant lui. Une fois atteint l’âge légal, il n’est, en effet, pas obligé de dénouer son PER. Même à la retraite, il n’est pas contraint non plus de liquider son plan.

Des déductions fiscales au moment où on est le plus imposé

Tant qu’il n’a pas dénoué son PER, le senior peut déduire ses versements volontaires de son revenu imposable. Cette déduction fiscale est particulièrement intéressante s’il est toujours en activité. En fin de carrière, le souscripteur est généralement fortement imposé. Il perçoit, le plus souvent, un salaire élevé et n’a plus d’enfant à charge, donc moins de parts fiscales.

Or, s’il est salarié ou fonctionnaire, le senior peut déduire ses versements volontaires à hauteur de 10% de ses revenus professionnels de l’année N-1 (l’année précédant le versement) dans la limite de huit fois le plafond annuel de la Sécurité sociale (PASS) de l’année N-1. Soit 35.193 euros en 2024. L’avantage fiscal est encore plus conséquent si le quinqua ou le sexagénaire exerce une activité non salariée.

Les seniors indépendants favorisés

En tant qu’artisan, commerçant, chef d’entreprise, exploitant agricole ou professionnel libéral (médecin, avocat, architecte, pharmacien, expert-comptable...), il bénéficie d’un plafond de déduction particulier : 10% de ses bénéfices imposables de l’année N (l’année du versement) dans la limite de huit fois le PASS de l’année N, majorés de 15% de la fraction de ses bénéfices compris un et huit PASS de l’année N. Ce qui fait 85.780 euros cette année !

À noter : le plafond de déduction des salariés et fonctionnaires (mais pas celui des indépendants) est reportable sur trois ans. Cela signifie que le senior peut utiliser d’un coup le reliquat non consommé des plafonds des trois années précédentes. Un report qui peut être utilisé pour « absorber » fiscalement l’indemnité de fin de carrière versée par le dernier employeur et qui peut facilement s’élever à plusieurs dizaines de milliers d’euros.

Un bon produit de prévoyance

Une fois à la retraite, le souscripteur peut toujours effectuer des versements volontaires et les déduire dès lors qu’il n’a pas liquidé son PER. Certes, le plafond de déduction est nettement moins important puisqu’il équivaut à seulement 10% du PASS de l’année N-1 (4.399 euros en 2024). Reste que le retraité est normalement moins imposé, ce qui compense en partie la baisse du plafond.

À compter de l’âge légal et tant que le PER n’est pas dénoué, le senior peut réaliser des sorties fractionnées en capital (auparavant, le plan est bloqué), sur le modèle des rachats partiels de l’assurance vie. Les capitaux restant sur le PER continuent ainsi de fructifier.

Enfin, le PER constitue un bon produit de prévoyance. Si le souscripteur devient invalide ou que son conjoint ou partenaire de Pacs décède - des situations possibles passé 50 ans -, les capitaux du plan peuvent être débloqués et versés au souscripteur sans imposition. S’il n’est pas confronté à un accident de la vie, il pourra récupérer, à sa retraite, son épargne majorée des gains (intérêts annuels et plus-values) sous forme d’un capital ou d’une rente, contrairement à un contrat de prévoyance « classique » pour lequel les cotisations sont versées « à fonds perdus » en l’absence de sinistre.

D’importants avantages successoraux

Les PER « assurantiels », c’est-à-dire dont le fonctionnement est proche de celui de l’assurance vie et qui constituent la grande majorité des plans du marché, offrent un important avantage fiscal en cas de succession. Si le PER n’a pas été liquidé et que le souscripteur décède avant 70 ans, les capitaux sont transmis en franchise d’impôt à la ou les personnes qu’il aura désignée(s) de son vivant comme son ou ses bénéficiaires à hauteur de 152.500 euros chacun. Si le détenteur du PER non dénoué meurt après 70 ans, l’abattement fiscal tombe à 30.500 euros et est partagé par l’ensemble des bénéficiaires désignés. Le solde est soumis aux droits de succession qui dépendent du lien de parenté du bénéficiaire avec le défunt.