En prenant en compte l’inflation, le montant moyen brut des pensions de vieillesse a diminué de 0,7% entre 2015 et 2020 à cause des revalorisations faibles ou nulles. Voilà une information qui va à l’encontre des idées reçues : le revenu des retraités français progresse.
Selon les données réactualisées de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) - un organisme rattaché au ministère des Solidarités et de la Santé - dévoilées le 28 avril 2022, la pension de vieillesse moyenne brute s’est élevée (en intégrant les éventuelles majorations familiales accordées aux parents de trois enfants et plus) à 1.509 euros par mois au 31 décembre 2020. Soit une augmentation de 0,3% en euros constants, c’est-à-dire en retranchant l’évolution des prix à la consommation, par rapport au 31 décembre 2019.
Mais cette (très légère) hausse est l’arbre qui cache la forêt. Toujours d’après la Drees, le montant moyen brut des retraites a reculé de 0,7% entre 2015 et 2020, en prenant en compte l’inflation. Le coupable de cette perte de pouvoir d’achat est connu : la sous-indexation des pensions. Pour dégager des économies en vue de réduire le déficit public de la France, le gouvernement n’a pas revalorisé les retraites de base en 2016, comme il l’avait déjà fait en 2014. Le décalage en 2018 de la date de revalorisation annuelle des pensions de base du 1er octobre au 1er janvier a là aussi entraîné, de fait, une absence d’indexation de ces prestations durant 15 mois.
Les pensions complémentaires aussi
Du côté des retraites complémentaires du secteur privé, le phénomène est encore plus marqué. Afin de faire revenir l’Agirc-Arrco à l’équilibre financier, les partenaires sociaux qui gèrent le régime ont décidé de geler les pensions complémentaires des salariés en 2014, 2015, 2016, 2017 et en 2020. Or, la retraite Agirc-Arrco représente, en moyenne, 30% de la pension globale des non-cadres et jusqu’à 60% de celle des cadres. Dans ces conditions, la succession de revalorisations nulles des retraites complémentaires a fait très mal au portefeuille des salariés retraités.
Seule consolation pour les pensionnés : leur baisse de niveau de vie entre 2015 et 2020 aurait pu être nettement plus importante si l’inflation était aussi forte qu’aujourd’hui. Heureusement pour eux, la hausse des prix s’est située durant cette période aux alentours des 1%. D’ailleurs, si le montant moyen de la retraite a augmenté en 2020, c’est parce que « les prix à la consommation sont restés quasi stables », souligne la Drees. Du coup, même peu élevées, les indexations des pensions de base instaurées cette année-là ont porté leur fruit.
Un retour à la normale
À la suite du mouvement de protestation des Gilets jaunes, le gouvernement a mis en place une revalorisation « différenciée » des retraites de base le 1er janvier 2020. Le taux d’indexation a été fixé à 0,3% pour les retraités dont la pension globale (retraites complémentaires incluses) était supérieure à 2.014 euros par mois, à 0,4% entre 2.012 et 2.014 euros par mois, à 0,6% entre 2.008 et 2.012 euros par mois, à 0,8% entre 2.000 et 2.008 euros par mois et, enfin, à 1% (le niveau de l’inflation de l’époque) pour les pensions globales inférieures à 2.000 euros par mois.
L’exécutif semble avoir pris conscience de l’impact des désindexations des pensions sur le pouvoir d’achat des retraités. Les retraites de base ont été alignées sur la hausse des prix en 2021 (+ 0,4%) et en 2022 (+ 1,1%). Lors de la dernière campagne présidentielle, Emmanuel Macron a promis que les retraites de base seraient désormais automatiquement indexées sur l’inflation. Mieux : le président réélu a annoncé que les pensions de base seraient exceptionnellement revalorisées cet été (on parle de + 4%) pour compenser la flambée depuis le début de l’année des prix, notamment énergétiques.
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