Face au manque de médecins traitants et à l’augmentation des maladies chroniques sous l’effet du vieillissement de la population, le ministère de la Santé et de la Prévention a décidé de mener un plan d’actions.
D’une manière générale, ne pas déclarer de médecin traitant est doublement pénalisant. Non seulement le patient ne bénéficie pas du suivi régulier d’un praticien qui a une vision globale de son état de santé, mais il ne respecte pas le parcours de soins coordonnés. En l’absence de médecin traitant, le montant des consultations est ainsi remboursé à 30% par la Sécurité sociale, au lieu de 70%. Et les contrats responsables des complémentaires santé (95% des « mutuelles ») ne sont pas autorisés à prendre en charge la somme restante en intégralité.
Cette double peine est encore plus problématique pour les assurés en affection de longue durée (ALD). Un patient soufrant de diabète, d’hypertension artérielle, d’insuffisance cardiaque ou d’un cancer a tout particulièrement besoin d’être suivi. En outre, il est amené à consulter régulièrement des médecins, notamment des spécialistes. Ne pas disposer d’un médecin traitant lorsque l’on est atteint d’une ALD engendre donc un problème de santé publique, mais aussi financier puisque les remboursements sont moindres et le « reste à charge », plus élevé.
Un phénomène en forte augmentation
Or, ce cas de figure est loin d’être anecdotique. De 510.000 fin 2018, le nombre de patients en ALD sans médecin traitant est passé à 714.000 fin 2022 et pourrait même atteindre 800.000 à la fin de cette année, selon le ministère de la Santé et de la Prévention. Cette augmentation résulte de la conjonction de deux phénomènes : le vieillissement de la population et le développement des « déserts médicaux ». Les risques d’ALD s’accroissent avec l’âge. Dans le même temps, il devient de plus en plus difficile de déclarer un médecin traitant compte tenu de la raréfaction des praticiens dans certains territoires.
Conscient de cet « effet ciseau », le ministre de la Santé et de la Prévention, François Braun, a lancé, le 13 mars 2023, un plan d’actions en faveur des patients en ALD sans médecin traitant. En premier lieu, l’Assurance maladie va identifier, d’ici fin mars, ceux âgés de 17 ans et plus qui ont consulté le même médecin (généraliste ou spécialiste) au moins trois fois dans l’année. Ils seraient 183.000 dans ce cas, soit 25% des patients en ALD sans médecin traitant, d’après l’organisme public.
Trois consultations dans l’année
Une fois cette phase d’identification achevée, l’Assurance maladie enverra à chaque praticien la liste de leurs patients en ALD sans médecin traitant qui les ont consultés au moins trois fois dans l’année. S’ils acceptent d’être leur médecin traitant, la branche « maladie » de la Sécu contactera alors par courrier ou e-mail les assurés concernés pour les en avertir et les aider dans leurs démarches de déclaration de médecin traitant. Le ministère promet d’autres actions à venir en direction des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), des maisons de santé pluriprofessionnelles et des centres de santé.
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