La ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, a donné le coup d’envoi d’une concertation nationale sur la perte d’autonomie intégrant une plateforme collaborative, des forums régionaux et des ateliers thématiques.


C’est en quelque sorte le préambule à loi sur la dépendance, annoncée le 13 juin 2018 par Emmanuel Macron lors du congrès de la Mutualité française organisé à Montpellier. Le 1eroctobre dernier, Agnès Buzyn, la ministre des Solidarités et de la Santé, a officiellement lancé une concertation nationale, baptisée « Grand âge et autonomie ».

Le sujet, il est vrai, est d’importance,sachant que la France devrait compter 2,45 millions de personnes en perte d’autonomie à l’horizon 2060, contre 1,25 million actuellement. Déjà, 7.573 établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) accueillent 608.000 résidents et 760.000 seniors bénéficient d’un service d’aide et d’accompagnement à domicile. Quelque 30 milliards d’euros sont consacrés chaque année à la dépendance, dont 79% pris en charge par les pouvoirs publics - essentiellement les départements via le versement de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA).

Entretiens individuels et groupes d’expression

Avec le vieillissement de la population (le nombre de personnes âgées de 85 ans et plus va tripler en France entre 2017 et 2050), se pose non seulement le problème du financement à venir de la dépendance, mais aussi le besoin de main-d’œuvrequalifiée dans les Ehpad et les services à domicile. Sans oublier le soutien aux aidants familiaux alors que 3,4 millions de Français aident aujourd’hui un proche âgé de 60 ans et plus dans les tâches de la vie quotidienne (courses, repas, ménage…).

Face à cet enjeu de société, le ministère des Solidarité et de la Santé a souhaité recueillir les avis et recommandations d’un large public qui serviront de base de travail à la future loi sur la dépendance. Pour cela, un dispositif complet a été mis en place. Sur la plateforme collaborative www.grande-consultation-aines.make.org, les internautes vont pouvoir formuler des propositions. Entre novembre 2018 et janvier 2019, une soixantaine de personnes âgées, leurs familles, des aidants et des professionnels du secteur médico-social (aides-soignants, kinésithérapeutes, infirmières à domicile...) vont exprimer leurs besoins et attentes dans le cadre d’entretiens individuels et de groupes d’expression.

Fin du processus en janvier 2019

Ces témoignages et remontées d’information vont nourrir les forums régionaux et 10 ateliers thématiques. Organisés par les Agences régionales de santé (ARS) avec l’appui des Caisses d’assurance retraite et de santé au travail (Carsat), les premiers vont réunir les hôpitaux, Ehpad, résidences autonomie (ex-logement foyer), plateformes de services et autres associations d’aidants en vue d’échanger les bonnes pratiques. Les ateliers thématiques regrouperont, eux, des représentants de l’Etat et des collectivités, des experts ainsi que les représentants d’associations et de fédérations d’usagers et de professionnels sur un sujet en particulier (la prévention, les nouveaux financements, le cadre de vie…).

Les propositions seront synthétisées et remises au gouvernement début 2019. Elles devront servir de terreau au projet de loi qui devrait être voté à la fin de l’année prochaine. Ce vaste dispositif s’inspire largement de celui qui a été instauré pour la future réforme des retraites. Espérons qu’il rencontre le même succès : deux semaines après son lancement le 31 mai 2018, la plateforme citoyenne www.participez.reforme-retraite.gouv.fr avait recueilli 15.000 inscrits et 17.000 contributions.


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