Dans son allocution du 24 novembre, le président Macron a assuré que, sous réserve des résultats des essais cliniques, les premiers vaccins pourraient être administrés dès la validation des autorités sanitaires compétentes, soit fin décembre, soit début janvier. Mais avec quelle stratégie ? Quels publics prioritaires ? Tour d’horizon des recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS) quant à la priorisation des populations à vacciner.
Une stratégie, un double objectif
Réduire les hospitalisations et les décès tout en maintenant les activités essentielles du pays, particulièrement celles du système de santé pendant l’épidémie : tel est le double objectif assigné au programme de vaccination contre le Sars-Cov-2. Une stratégie vaccinale qui, après de premières recommandations publiées le 28 juillet dernier, vient d’être affinée par la HAS, à partir des nouvelles données disponibles (évolution du contexte épidémique, premières données des candidats vaccins). La HAS précise que toutes les recommandations seront à actualiser et à adapter en fonction des données sur chaque vaccin, de leur disponibilité effective et des tensions éventuelles sur l’approvisionnement. Elle rappelle également qu’elle ne préconise pas, à ce stade, de rendre obligatoire la vaccination.
Deux critères de priorisation
Afin d’établir la priorisation des personnes à vacciner au lancement de la campagne, la HAS a retenu deux critères principaux : le risque de faire une forme grave de la Covid-19 conduisant à une hospitalisation ou au décès et le risque d’exposition au virus en secteur professionnel ou selon les modes d’hébergement. Concernant le risque de faire une forme grave, seraient principalement concernées les personnes âgées ainsi que celles présentant des comorbidités identifiées dans les publications scientifiques comme à risque élevé, à savoir : l’obésité (IMC > 30), l’insuffisance respiratoire, l’hypertension artérielle, l’insuffisance cardiaque, le diabète de type 1 et 2, l’insuffisance rénale chronique, les cancers de moins de trois ans, la trisomie 21. Concernant le risque d’exposition, la HAS considère comme particulièrement à risque : les professionnels de santé médicaux, les paramédicaux, les auxiliaires médicaux, les brancardiers ainsi que les travailleurs sociaux et les personnels du secteur des services à la personne susceptibles d’être en contact avec des personnes infectées par la Covid-19.
Une stratégie par étape et ordre de priorité
Dans sa stratégie vaccinale préliminaire tenant compte d’une arrivée progressive du vaccin, la HAS préconise la mise en place de cinq phases de vaccination successives. Les trois premières, couvrant la phase critique d’initiation de la campagne de vaccination, ont pour objectif de permettre la vaccination de l’ensemble des personnes à risque de forme grave de Covid-19 afin de réduire les hospitalisations et les décès ainsi que les personnes qui sont fortement exposés au virus. Les deux phases suivantes devraient permettre d’ouvrir largement la vaccination aux plus de 18 ans sans comorbidités et seront précisées au fur et à mesure de l’atteinte des objectifs des phases précédentes.
. Première phase : priorité aux personnes âgées résidant en EHPAD ou tout autre hébergement collectif, et aux professionnels du secteur de la santé en ciblant prioritairement ceux qui sont amenés à être en contact prolongé avec des personnes infectées.
. Deuxième phase : les personnes ayant plus de 75 ans, suivies des personnes entre 65 et 74 ans ayant une comorbidité, puis des autres personnes de 64-74 ans. La HAS recommande ensuite de poursuivre la vaccination des professionnels de santé en priorisant les professionnels âgés de plus de 50 ans ou présentant une comorbidité.
. Troisième phase : l’ensemble des personnes de plus de 50 ans ou de moins de 50 ans mais à risque de formes graves du fait de comorbidités ; puis, en fonction de l’approvisionnement en vaccins, les professionnels issus des secteurs indispensables au fonctionnement du pays.
. Quatrième phase : les personnes fortement exposées au virus et qui n’auraient pas été vaccinées antérieurement ou les personnes vulnérables ou précaires ayant un pronostic moins favorable en cas d’infection par la Covid-19.
. Cinquième phase : sous réserve d’une quantité de vaccins suffisante, les personnes de plus de 18 ans et sans comorbidité.
Recommandations complémentaires de la HAS
La HAS rappelle la nécessité d’une information claire et accessible des publics à toutes les phases de mise à disposition des vaccins. Elle recommande également un suivi de la vaccination permettant la collecte de données en vie réelle et une actualisation des présentes recommandations. Elle insiste enfin sur le fait que les recommandations actuelles seront amenées à évoluer dès lors que de nouvelles données seront disponibles.
