On entend souvent parler de thérapie génique, mais sait-on vraiment de quoi l’on parle ? Tout simplement d’un ensemble de techniques permettant de soigner une maladie en introduisant dans la cellule un gène médicament pour remplacer un gène malade. Initialement développée pour le traitement de maladies rares, la thérapie génique, qui n’a cessé de se développer au cours des deux dernières décennies, est aujourd’hui étudiée pour le traitement de maladies fréquentes.
Utilisée pour obtenir de la cellule la fabrication d’une protéine absente ou non fonctionnelle, la thérapie génique constitue aujourd’hui pour les chercheurs l’une des meilleures options en vue du traitement de nombreuses maladies. Pionnier et leader dans ce domaine, Généthon travaille ainsi à mettre au point des thérapies géniques pour les maladies rares.
Apporter une copie fonctionnelle du gène défaillant
Chaque individu dispose, au cœur de ses cellules, d’un génome composé d’environ 25 000 gènes hérités de ses parents et constitués d’ADN. Toute mutation de cet ADN entraine une pathologie appelée maladie génétique. Pour lutter contre ces maladies, l’idée à l’origine de la thérapie génique consiste à remplacer ou à réparer l’ADN endommagé. A ce jour, la plupart des thérapies validées chez l’homme consistent ainsi à apporter une copie fonctionnelle du gène défaillant. Comment ? En utilisant un transporteur, appelé vecteur, pour faire pénétrer puis s’exprimer le gène à l’intérieur des cellules. Appelé « gène médicament », ce gène introduit dans le noyau de la cellule a pour fonction de compenser la fonction déficiente. De nouvelles méthodes de thérapies géniques permettent aujourd’hui de corriger le gène défaillant grâce à des « ciseaux moléculaires ».
Les différentes modalités pour apporter les gènes médicaments aux cellules
Les vecteurs utilisés pour conduire les gènes médicaments sont des composantes de virus utilisés pour leur capacité à pénétrer dans la cellule. Un des enjeux de la thérapie génique est aujourd’hui de cibler précisément les vecteurs vers les cellules malades. Pour ce faire, plusieurs techniques sont utilisées. Il est ainsi possible de traiter ex vivo certaines pathologies, sanguines notamment, en prélevant dans le sang ou la moelle osseuse des cellules souches, en y ajoutant en laboratoire le gène fonctionnel puis en réinjectant les cellules corrigées dans l’organisme où elles vont pouvoir se multiplier. Il est également possible pour des pathologies comme les myopathies, d’injecter le gène in vivo, dans l’organe qui doit être traité.
Les réussites du Généthon
Après une première phase de recherche consacrées au décryptage du génome humain, Généthon travaille depuis 1997 à la conception de thérapies géniques pour les maladies rares. C’est ainsi qu’a pu être lancé dès 2006 le premier essai de thérapie génique en Europe pour prouver la faisabilité du transfert de gène chez l’homme, puis en 2020 le premier essai clinique international de thérapie génique à visée thérapeutique pour la maladie de Wiskott-Aldrich. Un premier médicament intégrant des technologies mises au point à Généthon a par ailleurs récemment obtenu une autorisation de mise sur le marché pour l’amyotrophie spinale, tandis qu’un autre est en cours d’autorisation pour une maladie rare de l’œil et qu’un troisième se trouve en phase finale d’études cliniques en vue d’une demande d’autorisation. Dix autres produits auxquels Généthon a contribué sont également en essai clinique et huit autres devraient y entrer dans les cinq ans pour des maladies rares des muscles, du foie, du sang.
Les défis pour l’avenir
Si la thérapie génique a permis de remporter de premiers succès encourageants, des freins scientifiques sont encore à lever. C’est notamment le cas en ce qui concerne les vecteurs utilisés. Bien qu’efficaces dans un large spectre de maladies, ces derniers présentent tout de même des limites. Ils déclenchent en effet à leur encontre des réponses immunitaires qui doivent être surmontées pour que les thérapies qui les utilisent puissent être injectées plusieurs fois chez un même patient qui en aurait besoin. Certains patients présentent par ailleurs une immunité naturelle contre ces vecteurs qui les rend inéligibles à ces traitements. Les chercheurs travaillent donc à concevoir des vecteurs plus spécifiques, plus puissants et moins immunogènes. Ils cherchent également à améliorer les méthodes de bioproduction des vecteurs pour rendre possible une production de traitement à grande échelle et être ainsi en mesure de répondre aux besoins de l’ensemble des patients éligibles.
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