Les données annuelles de France Assureurs montrent que 41% des versements sur les contrats d’assurance vie ont concerné l’an dernier les unités de compte non garanties. Un niveau historique.
Les placements risqués ne semblent plus faire peur aux souscripteurs de contrats d’assurance vie. Selon les chiffres présentés le 27 mars 2024 par France Assureurs, la fédération professionnelle des sociétés et mutuelles d’assurance, les cotisations (versements) sur les unités de compte (UC) ont bondi de 7,5% l’année dernière, pour atteindre 62,2 milliards d’euros. Cela représente 41% de la collecte brute de l’an passé (153,3 milliards d’euros), soit la part d’UC la plus élevée jamais enregistrée.
Or, contrairement au fonds en euros, le capital des unités de compte n’est pas garanti par l’assureur. Le souscripteur n’est ainsi pas sûr de pouvoir récupérer le cumul de ses versements. En cas de baisse des marchés financiers, il peut essuyer une perte (la moins-value demeurera toutefois virtuelle, tant qu’il n’effectuera pas de rachat). En contrepartie de cette prise de risque, l’épargnant peut espérer une meilleure performance qu’avec le fonds en euros sécurisé.
Des UC obligataires prédominantes
C’est exactement ce qui s’est passé en 2023. Alors que le rendement moyen(*) est ressorti à 2,6% pour les supports en euros, il a atteint 6,2% pour les UC. Soit un différentiel de rémunération de 3,6 points de pourcentage. Si les souscripteurs d’assurance vie ont donc eu raison d’investir dans les unités de compte non garanties, ils n’ont, en réalité, pas pris autant de risque qu’il n’y parait.
Lorsque l’on analyse la collecte nette (la différence entre les versements et les retraits) des UC en 2023, on se rend compte que les assurés ont avant tout privilégié les obligations. Les UC obligataires arrivent en tête avec 24 milliards d’euros, loin devant les UC monétaires et les UC actions (8 milliards d’euros chacune). Les UC immobilières ont, elles, subi une décollecte de 6 milliards d’euros. Cette collecte nette négative résulte, en grande partie, de la crise actuelle des sociétés civiles de placement immobilier (SCPI), dont certaines ont connu une chute de leur valorisation.
Profiter de la hausse des taux
Si les souscripteurs ont autant investi dans les UC obligataires l’an dernier, c’est pour profiter de la hausse des taux d’intérêt. Les obligations étant plus ou moins indexées sur les taux directeurs des banques centrales, ces titres ont suivi la remontée de ces taux, instaurée pour combattre la forte inflation consécutive à la flambée des prix énergétiques, puis alimentaires, causée notamment par la guerre en Ukraine.
En misant sur les UC obligataires, les souscripteurs de contrats d’assurance vie ont donc fait un bon calcul et, qui plus est, peu risqué. Les obligations sont des créances émises par des États (dettes souveraines) ou par des entreprises (obligations corporate). Comme ces émetteurs ne peuvent se permettre de ne pas les rembourser sous peine de perdre la confiance des marchés, les investisseurs sont quasiment assurés de récupérer les coupons (les intérêts) et le capital prêté à l’échéance convenue. Les obligations sont donc considérées comme un actif sûr. De quoi rassurer les souscripteurs d’UC…
(*) Net de frais de gestion, mais brut d’impôt sur le revenu et de prélèvements sociaux.
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