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Prévention et Santé 13 janvier 2020

34, 60 et 78 ans : ces âges palier où l’on vieillit plus vite…


Et si une fois de plus le bon sens avait raison ? Et si, contrairement à ce que laisserait imaginer une conception linéaire du vieillissement, nous prenions régulièrement des « coups de vieux » ? C’est ce que semble démontrer une récente étude menée par des chercheurs de la Stanford University School of Medicine publiée début décembre dans la revue Nature Medicine. Selon ces derniers, notre vieillissement connaitrait en effet trois étapes - intervenant dans la vie de chacun à 34, 60 et 78 ans - repérables en fonction du niveau de protéines circulant dans notre sang.


 

Le niveau de protéines dans le sang : miroir de l’âge

Si les chercheurs savent depuis longtemps que la mesure de certaines protéines dans le sang peut renseigner sur l’état de santé d’une personne, à l’instar des lipoprotéines pour la santé cardiovasculaire, jusque très récemment ils ne s’étaient pas rendu compte que le niveau de nombreuses protéines dans le sang évoluait de façon très marquée avec l’âge. C’est désormais chose faite ! Grâce à l’étude menée par des scientifiques de l’université de Stanford, il semble en effet aujourd’hui possible de considérer les changements de niveaux de protéines migrant des tissus de l’organisme vers le sang comme des marqueurs du vieillissement. Ainsi, en mesurant les niveaux de certaines protéines circulant dans le sang, on peut connaître avec précision non seulement l’état de santé d’une personne mais aussi son âge biologique – également appelé âge protéomique par les biologistes.

 

Un vieillissement à trois âges de la vie

Pour parvenir à ce nouveau pas dans notre connaissance du corps humain, des chercheurs ont analysé avec précision les niveaux de 373 protéines plasmatiques circulant dans le sang de 4263 personnes âgées de 18 à 95 ans. Qu’ont révélé les résultats ? Que le vieillissement physiologique ne se produit pas à un rythme régulier, mais plutôt par palier à différents moments de la vie. Et pour cause, au lieu de rester les mêmes ou d’augmenter et de diminuer régulièrement tout au long de la vie, les niveaux de nombreuses protéines restent constants pendant un certain temps, puis, à certains moments, subissent de brusques changements de concentration dans le plasma. Ces changements soudain interviennent à trois âges de la vie considérés comme charnières : au début de l’âge adulte vers 34 ans, à la fin de l’âge moyen vers 60 et et au moment de la vieillesse vers 78 ans - l’âge précis de ces paliers de vieillissement pouvant varier d’une personne à l’autre.

 

A chaque palier ses changements

Les premiers résultats de cette étude semblent indiquer qu’à chacune de ces bascules correspondent certains types de changements : alors qu’ils concernent des modifications dans la structure cellulaire chez les trentenaires et des processus liés à la coagulation du sang chez les sexagénaires, ils contribuent plutôt à accélérer l’inflammation chez les personnes âgées. Toutefois, la recherche dans ce domaine n’en étant encore qu’à ses débuts, de nombreuses questions sont encore ouvertes : qu’en est-il des dizaines voire des centaines d’autres processus très complexes à l’œuvre à chacun de ces paliers ? Quelle est la part de l’origine génétique et des changements environnementaux dans l’évolution de la concentration de nos protéines plasmatiques ? Existe-t-il des différences entre les hommes et les femmes dans les changements observés au niveau des protéines liées au vieillissement ?

 

De nouvelles perspectives de recherche sur les maladies liées au vieillissement

Si les questions sont encore nombreuses, les perspectives offertes par ces premiers résultats le sont tout autant. D’après les auteurs de ces travaux, de nouvelles recherches pourraient en effet non seulement permettre d’identifier les personnes susceptibles de développer des maladies liées à l’âge - type Alzheimer ou maladies cardiovasculaires -, mais aussi de trouver de nouvelles voies thérapeutiques pour retarder le processus de vieillissement. Des perspectives d’autant plus prometteuses et enthousiasmantes que l’on sait désormais que le prélèvement d’une seule goutte de sang rend possible la lecture et l’analyse de 373 protéines !


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